samedi 9 juin 2007

Baptême étudiant, les "épreuves"

Si vous vous inscrivez pour faire votre "baptême étudiant" en Belgique, à quoi faut-il vous attendre? Qu'est ce qu'on va vous demander de faire?

Tout dépend de l'université et même du cercle ou de la régionale dans laquelle vous êtes. Mais il ne faut pas s'y tromper: chacun vous dira que son baptême est moins "hard" que celui de telle université ou de tel cercle, et pourtant ils partagent tous un grand nombre d'activités et de coutumes...

Quelles sont les principales activités? Je vais essayer de donner un aperçu de toutes les pratiques avérées, toutes universités et toutes organisations confondues.

-le bain de sang, au sens "propre" du terme, semble commun à la majorité des cercles et régionales. On récupère du sang animal à l'abattoir, on oblige le bleu en maillot de bain ou carrément nu à s'y plonger entièrement ou partiellement. Chez certains, des viscères y sont ajoutées pour qu'il simule des positions sexuelles à l'aide de celles-ci. Le pire cas, peut être, dont j'ai entendu parler, c'est des filles obligées de sucer des sexes de taureau récupérés à l'abattoir.

-Les jeux sexuels en général: fille ou garçon obligé(e) de se mettre torse nu (au minimum, il arrive que la nudité soit totale) pour se faire lécher le torse recouvert de crème chantilly. Concours d'érections pour les garçons et strip-tease sont des pratiques également assez répandues. Il est toutefois à noter que certains cercles bannissent ces pratiques, souvent sous la pression des autorités académiques.

-La nudité: est très importante dans certaines universités, notamment à l'ULB. Les bleus défilent nus dans les rues du campus le soir.

-La tonsure: des poils pubiens, des cheveux ou des deux, selon les endroits, généralement pour punir un bleu ou une bleuette d'avoir eu des relations sexuelles avec les anciens ou avec d'autres bleus/bleuettes

-Ce qui est commun à tous, et durant toutes les soirées: interdiction de regarder les anciens dans les yeux, interdiction de leur adresser la parole sans qu'on y soit invité. D'une manière ou d'une autre, on doit s'adresser à eux avec une déférence extrême, un salut particulier, de préférence soulignant "l'infériorité" du bleu par rapport à l'ancien.

-Les gueules en terre, mer ou autre chose: accroupi sur le sol, de préférence caillouteux, le dos rond de manière à avoir le visage presque contre le sol, et les bras tendus en l'air derrière son dos, on chante généralement des chansons à connotation sexuelles assez humiliantes. On peut rester dans cette position durant de longues minutes, de nombreuses fois dans la soirées, de façon à prolonger l'humiliation, mais aussi la souffrance physique. Les gueules en terre se font rarement dans l'herbe...

-Le "shampooing": quelle que soit sa composition, le shampooing a pour but de vous couvrir la tête de choses malodorantes et collantes, qu'il faudra garder toute la soirée. Au choix: bière, oeufs ou sauce tomate, avec toujours de la farine pour homogénéiser le tout...

-La viande pour chien, les croquettes pour chat, l'ail cru en grande quantité, les cubes de bouillon... On vous fera ingurgiter, de préférence, ce que vous détestez le plus. Les pires exemples (attestés!): son propre vomi lorsqu'on est devenu malade de ce qu'on mangeait, un poisson rouge flottant dans un verre de bière qui doit être avalé en même temps que celle-ci, du poisson cru, de la viande crue (mais plutôt à lécher). Enfin, des mélanges de choses mangeables en temps normal mais peu recommandés lorsqu'elles sont mélangées: chocolat-viande hachée agrémentée de grands renforts de tabasco, par exemple.

mardi 29 mai 2007

Et la Belgique, alors ?

La Belgique n’est malheureusement pas en reste en matière de bizutage. Ici, il s’appelle « Baptême étudiant ». On retrouve cette forme de bizutage :

-dans toutes les grandes universités du pays (au moins dans les universités francophones, je suis moins au courant de ce qui se passe chez les néerlandophones…)
-dans les grandes écoles (commerce, écoles vétérinaires, etc…)

C’est donc une première différence avec la France où le bizutage a plus lieu dans les Grandes écoles qu’à l’université.

Pourquoi est ce qu’on peut dire que c’est du bizutage ? Si l’on considère le bizutage comme, de façon générale, des brimades imposées aux nouveaux par les anciens (c’est d’ailleurs à peut près cette définition que donne le Nouveau Petit Robert de la langue française 2007), alors le baptême, c’est définitivement du bizutage.

Explications :
-Le baptême, selon ses auteurs eux-mêmes, cela sert à intégrer les nouveaux en leur infligeant des brimades ; si j’ai bien compris le raisonnement, le but est de les martyriser collectivement pour les rendre solidaires. Peu importe le but : l’aveu est là, le moyen consiste bien en des brimades
-Le baptême est fait dans un cadre socio-éducatif, par les anciens appelés « Poils » (pour les garçons ) et « plumes » (pour les filles) sur les nouveaux appelés « bleus »

En conclusion, le baptême, c’est bien du bizutage et le soi-disant « consentement » du bleu invoqué par les baptiseurs n’a rien à voir là-dedans ; aucune des définitions officielles du bizutage ne fait intervenir la notion de consentement et la loi Ségolène Royal précise même explicitement qu’un bizuté reste bizuté même s’il est consentant (voir message précédent).
Le « baptême étudiant », c’est donc le nom donné au « bizutage » en Belgique

vendredi 25 mai 2007

Qu'est ce que le bizutage?

Ca n'est pas parce qu'on l'appelle "soirée d'intégration" ou "accueil" que c'est un moindre bizutage... Mais je ne dis pas non plus que les soirées d'accueil sont toujours du bizutage.
Mais parmi les noms que celui-ci peut prendre, citons:

-usinage (aux Arts et Métiers)
-baptême étudiant (en Belgique)
-intégration ou désintégration (chez les étudiants de classes prépas et d'ecoles de commerce)
-accueil (un peu partout!)

L'exemple le plus parlant? Celui de la "soirée d'intégration". C'est ou ce n'est pas du bizutage. Ca l'est parfois. Mais pas toujours. Comment savoir?

La loi Ségolène Royal, qui interdit le bizutage en France depuis 1998, en offre une définition:

"Hors les cas de violences, de menaces ou d’atteintes sexuelles, le fait pour une personne d’amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations ou de réunions liées aux milieux scolaire et socio-éducatif est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 Euros d’amende."

Une autre définiton: celle de l'avocat général, durant son réquisitoire, dans un procès qui avait opposé Mme Royal et des professeurs l'attaquant pour diffamation (elle les avaient accusé de permettre un bizutage):

« une série de manifestations où les élèves anciens, usant et abusant de leur supériorité née de la connaissance du milieu, du prestige de l'expérience et d'une volonté affirmée de supériorité, vont imposer aux nouveaux arrivants, déjà en état de faiblesse, des épreuves de toute nature auxquelles, dans les faits, ils ne pourront se soustraire sous l'emprise de la pression du groupe, du conditionnement et de ce que l'on peut appeler des sanctions en cas de refus, comme l'interdiction d'accès à divers avantages de l'école, de l'association des anciens élèves... »

En résumé:
-ce n'est pas parce que les "bizus" sont "consentants" ou du moins disent l'être, que ce n'est pas du bizutage.
-ce n'est pas parce qu'on ne l'appelle pas "bizutage" que c'est moins grave
-ce n'est pas parce que ce n'est pas violent au sens le plus physique du terme que ce n'est pas du bizutage
-de manière générale, toute humiliation subie par les nouveaux et du fait des anciens est considéré comme du bizutage. Et cela, que les nouveaux l'aient verbalement accepté ou non.

jeudi 24 mai 2007

MESSAGE D'ACCUEIL

Bonjour à toutes et à tous!


J'inaugure avec ce message mon blog perso que j'ai décidé de dedier à la lutte contre le bizutage. Mieux informer les gens sur ces pratiques, c'est en effet essentiel!
A ceux qui se posent des questions sur le bizutage, cela permet de se forger une opinion. Aux autres, à ceux qui refusent de subir cette pratique, cela permet de les mettre en garde sur les riques qu'ils courrent en s'inscrivant dans certains établissements.
A chaque fois que j'apprendrais quelque chose de nouveau, grâce à mes recherches ou grâce aux internautes, un message sera posté; je voudrais donner des renseignements sur les établissements où le bizutage est avéré, l'actualité de la lutte contre le bizutage, et surtout sur les différentes formes que celui-ci peut prendre.
A tous ceux qui, comme moi, ont été bizutés, n'hésitez pas à témoigner! Vous pouvez compter sur une oreille compréhensive, et dire aux autres ce qu'est le bizutage, c'est le meilleur moyen de prémunir les suivants contre cette pratique.